mercredi 13 mars 2013

ENTRETIEN AVEC MOHAMED GAKOU



De passage à Dakar le 26 février dernier,  Makan Koné, Président de la Maison de la presse du Mali accompagné de Mohamed Gakou, Directeur Général de l’Institut des Sciences Politiques, Relations Internationales et Communications (Ispric) ont tenu un entretien avec les étudiants maliens du Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti). Après la rencontre, Mohamed Gakou répond aux questions sur les conditions de vie de ces étudiants. 

 Qu’est-ce qui a motivé votre visite ?
En fait, on s’est dit, Makan et moi qu’il serait bien de rencontrer nos compatriotes et confrères avant de partir. Juste une simple curiosité, car on ne savait pas comment ils vivent ici, leurs difficultés, leurs contraintes etc. c’est dans cette optique que nous avons décidé de les rencontrer, de discuter avec eux. Nous avons jugé nécessaire d’aller nous acquérir de la situation de nos futurs collaborateurs.

Quelle appréciation faites-vous de leurs conditions de vie ?
Ils ont déploré beaucoup de difficultés qu’ils ont vécues et qu’ils continuent à vivre. Entre autres, la cherté de la vie à Dakar, la non assistance de l’Etat malien à leur endroit. Ils ont également dénoncé le manque d’information et de communication par rapport au concours du Cesti quant à son organisation au pays. Ils ont accusé les pouvoirs publics maliens d’être trop réticents à cet effet.
Selon eux l’accès à l’information est très difficile, même quand ils ont passé, ils avaient eu du mal à le savoir. Ce qui a d’ailleurs empêché un étudiant admis au concours cette année de venir poursuivre ses études, à les en croire. Certains aussi disent ne pas avoir eu connaissance du début des cours après l’admission. Raison pour laquelle ils sont venus en retard, un mois après la rentrée, pour ne citer que ceux-ci et j’en passe.
 
Avant cette rencontre quelle lecture faisiez-vous de leur situation ?
A vrai dire, nous avons toujours cru qu’ils sont des privilégiés, vu le caractère sélectif du concours et le prestige de cet établissement. Mais, à ma grande surprise je me suis rendu compte que ces jeunes ont dû tout laisser pour être là. Sans être soutenus par l’Etat, mais plutôt sur leurs propres moyens. Ils se sont battus corps et âmes. Tout le monde pense que c’est l’Etat qui finance les études après le concours alors que ce n’est pas le cas. Cela m’a permis vraiment de comprendre la réalité sur le terrain. Il y a même un d’entre eux qui s’est déplacé jusqu’à Dakar pour faire le concours afin être admis.

Comment avez-vous trouvez leurs rapports avec le Cesti ?
« Ce que nous fait le Cesti est honorable, nous lui devons beaucoup » disent-ils. Ils apprécient beaucoup l’accueil que leur a réservé cette école. Ils disent ne pas avoir eu de problèmes pour leur intégration encore moins leur adaptation. Selon eux, ici, il n’y a pas de barrières entre  les étudiants et les professeurs. Ces derniers sont tous attentifs, compréhensifs et surtout ouverts. Cela leur a beaucoup aidé à se mettre plus ou moins à niveau avec leurs camarades de classe.

En tant que représentant d’une institution de communication quelles promesses vous leur avez faites ?
En effet, je leur ai dit que nous n’allons rien promettre, mais que nous ferons de notre mieux. Je ne suis ni un homme politique encore moins un diplomate. C'est-à-dire que je ne suis pas du genre à promettre. Car l’effet de surprise est toujours plus agréable. Je ne veux pas leur donner des faux espoirs. Je les encourage à nous aider, pour les aider à notre tour. Car nous avons des partenaires qui peuvent prendre en compte leurs difficultés et trouver des solutions adéquates. Mais pour cela, il faudra que la demande vienne d’eux-mêmes. Nous ne sommes pas dans les instances de décisions mais il y a des décideurs que nous pouvons solliciter et qui peuvent accepter de nous suivre.

Alors, quelles solutions proposez-vous pour l’amélioration de leurs conditions de vie ?
Je pense que nous avons pris bonne note de toutes leurs plaidoiries. Donc, nous allons nous coordonner avec la Maison de la presse pour transmettre leurs doléances au ministère de la communication, une fois retournés. Nous allons également nous impliquer pour qu’au moins l’Etat puisse s’investir ne serait-ce que pour les années avenir. Dorénavant, nous allons afficher les résultats du concours l’Ispric et la Maison de la presse ainsi que toutes les informations nécessaires relatives au Cesti.  Ainsi, cette rencontre m’a permis de m’imprégner des réalités et de l’injustice dont ces jeunes font l’objet. C’était vraiment un plaisir, parce que de nos jours la profession de journaliste est bafouée dans notre pays. Cela dit, nous devons redynamiser ce noble métier en changeant l’opinion nationale. Et, je compte énormément sur ces jeunes car ils savent ce qu’ils veulent et je les encourage à persévérer davantage dans ce sens. Enfin, j’espère les retrouver bientôt au pays sur le terrain bien armés et cultivés.                                       

Portrait de Ahamadou Touré fait par Steven Mpono

mardi 5 mars 2013

CONFERENCE SUR LA CRISE EN CASAMANCE



« Analyse géopolitique d’un conflit : l’exemple casamançais », c’est le thème de la première conférence organisée cette année par le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti). 

Le conférencier Jean-Claude Marut, chercheur au CNRS et au Centre d’Etudes d’Afrique noire de Bordeaux, a travaillé pendant plusieurs années sur la crise sévit au sud du Sénégal depuis 30 ans.

A ces côtés Thierno Diop et Moustapha Gueye tous enseignants au Cesti sont intervenus respectivement pour introduire la conférence.
Le conférencier s’est appesanti sur deux axes pour présenter son exposé : 
1         1-    Analyse de la situation actuelle
2 - Analyse de la genèse : pistes ?

D’abord, il a proposé d’adopter une démarche géopolitique, c'est-à-dire identifier les blocages actuels du conflit en question.
Ensuite, chercher les éventuelles solutions autrement dit une issue des éléments de contribution.

Il a évoqué tous les acteurs concernés par le conflit à savoir la communauté Sant’egidio, Salif Sadio (chef du Mouvement des Forces Armées de la Casamance), la Gambie et la Guinée Bissau pour ne citer que ceux-ci. Selon le chercheur tous ces derniers doivent être impliqués dans les pourparlers pour une bonne sortie de la crise.
Il a également fait savoir que la communication ne passe pas bien dans négociation. D’un côté les rebelles revendiquent l’indépendance, de l’autre l’Etat leur promet construction, désenclavement et développement. Pour lui « aux problèmes politiques, il faut des solutions politiques et économiques ».

Au terme de son intervention, Jean Claude Marut a laissé entendre que « les conflits sont normaux » car selon lui « la nature a horreur du vide » Donc les conflits sont les moteurs dans toute société dans la mesure où il existe un espace de résolution et de débat a-t-il indiqué. 

Il a enfin lancé un appel solennel aux journalistes à s’impliquer davantage dans la résolution de la crise en créant des espaces de discussion.

L’invité du Directeur du Cesti, le Colonel Abou Thiam, représentant la Direction des Relations Publics des Armées (DIRPA) a rendu un vibrant hommage à l’armée sénégalaise pour sa conduite républicaine et ses nombreux services sanitaires et progressifs rendus à la nation. Il a insisté sur la réputation de son corps par rapport à leur homologue africain en affirmant que « il faut beaucoup de moyens pour mobiliser nos troupes ». A l’en croire c’est d’ailleurs ce qui explique le retard qu’elles ont accusé avant d’aller au Mali. Il a aussi démenti tous les délits qu’on reproche à l’armée en l’occurrence les viols et les pillages, qu’il a attribués au MFDC.

Cette conférence a permis aux étudiants d’être édifiés sur l’image de leurs hommes de défense mais aussi les enjeux et évolutions de la crise qui continue à perdurer dans la partie tropicale du pays. Elle s’est déroulée en présence du Directeur Ibrahima Sarr et Mamadou Ndiaye, Directeur des Etudes par intérim, du représentant de la Fondation Konrad Adenauer (pairtenaire du Cesti, promotrice de la paix en Casamance) mais également des casamançais et cestiens.