Fidèle
à sa tradition, le Réseau des boursiers et anciens boursiers de la Fondation
Konrad Adenauer (Rebafka) a tenu son énième thé-débat, ce dimanche 7 décembre
2014. Objectif : évaluer l’apport de la Francophonie aux 80 Etats et
gouvernements (54 pays membres de plein droit, 23 observateurs et 3 membres
associés) ayant en partage la langue française.
« L’Organisation Internationale de la
Francophonie (OIF) est un instrument pur et simple pour la France de
déstabiliser les pays francophones africains ». C’est du moins ce que
l’on peut retenir du traditionnel thé-débat du Rebafka, tenu ce dimanche 07
décembre au siège de la Fondation Konrad Adenauer (FKA). Cette rencontre
mensuelle, est un espace d’échange et d’expression où les poulains de la FKA,
se retrouvent pour réfléchir, débattre et discuter des questions d’actualité
les concernant. Pour ce faire, ils se sont penchés sur le 15ème
Sommet de l’OIF, tenu les 29 et 30 novembre derniers à Dakar. Le thème du
jour s’intitule : « Francophonie,
quelle utilité pour les pays membres ».
D’entrée
de jeu, les membres du Rebafka se sont rapidement attelés sur les avantages et
inconvénients de la langue française pour les francophones. Selon eux, l’apport
n’est pas à hauteur de souhait car le français n’est pas bien parlé, comme il
se doit, dans l’espace francophone. Ce qui constitue un obstacle dans les
échanges commerciaux, sans oublier les difficultés de communication et de compréhension
entre les peuples francophones, surtout en Afrique, déplorent-ils. Si l’on en
croit ces derniers, l’anglais à tendance à prendre le dessus sur le français.
Une situation défavorable pour eux, dans la recherche d’emploi au bénéfice des
anglophones, souvent dans leur propre espace linguistique.
D’aucuns
pensent que, de nos jours, les enjeux sont plus importants que les valeurs, c’est
pourquoi les dirigeants francophones sont en passe d’oublier les objectifs de
l’OIF, au profit de leurs propres intérêts « égoïstes ».
Ils décrient également la façon dont les réseaux francophones se créent sans
que les populations soient consultées
encore moins impliquées, à plus forte raison de participer à la prise des
décisions les concernant.
Quant
à d’autres, ils affirment que la Francophonie n’est pas mauvaise en soi. C’est
aux dirigeants de prendre leurs responsabilités en cherchant à profiter et
exploiter les opportunités que cette organisation leur offre au lieu de tout
capituler, sous le prétexte de la colonisation. Ils reconnaissent également le
rôle joué par l’OIF dans la résolution des conflits dans certains pays membres
notamment la Guinée, le Niger… comme médiateur. Ils saluent aussi la prise en
compte de la dimension économique sur laquelle se penche désormais l’OIF, tout
en espérant que les femmes et les jeunes seront au cœur des projets de
développement à venir.
Pour
certains, la Francophonie n’est rien d’autre qu’une façon pour la France de
légitimer ses actions « néfastes et
ambiguës » dans ses anciennes colonies. Des colonies sur lesquelles,
l’Hexagone continue à avoir une main mise qui ne dit pas son nom c’est-à-dire
comme qui dirait un « néocolonialisme ». Pour preuve, ils pointent du
doigt l’influence du président français François HOLLANDE, sur ces « paires » africains pour désigner la
canadienne Michaelle JEAN comme Secrétaire générale de l’OIF pour succéder à
Abdou DIOUF. Une désignation
qu’ils jugent anti-démocratique. « C’est
la Françafrique qui continue toujours et encore, il faut que nous nous en
débarrassions si voudrions que la Francophonie nous apporte quelque
chose de positif » dénoncent-ils
Autre
aspect décrié par les participants, c’est la présence du siège de l’OIF à
Paris. De leur avis, on n’est pas sorti de l’auberge. On aurait dû au moins
implanter le siège à Dakar eu égard au rôle pertinent joué par le père
fondateur, Léopold Sedar SENGHOR dans la création de l’OIF.
A
l’issue de cette causerie-débat, riche et fructueuse parfois houleuse, les membres du Rebafka plaident pour une refondation des
systèmes éducatifs dans l’espace francophone et une promotion de la langue
française pour qu’elle ne soit pas dominée par l’anglais. Et cela, dans les
conditions de coopération les plus transparentes et indépendantes possibles, et
non sur des accords flous et ambigus autrement dit, un partenariat « gagnant gagnant ». Ils militent
également contre l’ingérence et la dominance de la France sur ses anciennes
colonies. Car sans cela, disent-ils, la Francophonie n’aurait pas sa vocation
réelle et idéale tant prônée par SENGHOR, lequel disait que : « la Francophonie, c’est cet humanisme
intégral qui se tisse autour de la terre ».
Si
la Francophonie n’apporte pas assez aux francophones, les langues nationales
aussi n’en demeurent pas moins une alternative adéquate. A l’heure de la
mondialisation, l’intégration linguistique semble être un atout majeur pour une
bonne harmonisation des relations entre Etats membres d’une même communauté.



