lundi 8 décembre 2014

LA FRANCOPHONIE : UNE AUTRE FORME DE LA FRANCAFAFRIQUE ?

Fidèle à sa tradition, le Réseau des boursiers et anciens boursiers de la Fondation Konrad Adenauer (Rebafka) a tenu son énième thé-débat, ce dimanche 7 décembre 2014. Objectif : évaluer l’apport de la Francophonie aux 80 Etats et gouvernements (54 pays membres de plein droit, 23 observateurs et 3 membres associés) ayant en partage la langue française.


« L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) est un instrument pur et simple pour la France de déstabiliser les pays francophones africains ». C’est du moins ce que l’on peut retenir du traditionnel thé-débat du Rebafka, tenu ce dimanche 07 décembre au siège de la Fondation Konrad Adenauer (FKA). Cette rencontre mensuelle, est un espace d’échange et d’expression où les poulains de la FKA, se retrouvent pour réfléchir, débattre et discuter des questions d’actualité les concernant. Pour ce faire, ils se sont penchés sur le 15ème Sommet de l’OIF, tenu les 29 et 30 novembre derniers à Dakar. Le thème du jour s’intitule : « Francophonie, quelle utilité pour les pays membres ».

D’entrée de jeu, les membres du Rebafka se sont rapidement attelés sur les avantages et inconvénients de la langue française pour les francophones. Selon eux, l’apport n’est pas à hauteur de souhait car le français n’est pas bien parlé, comme il se doit, dans l’espace francophone. Ce qui constitue un obstacle dans les échanges commerciaux, sans oublier les difficultés de communication et de compréhension entre les peuples francophones, surtout en Afrique, déplorent-ils. Si l’on en croit ces derniers, l’anglais à tendance à prendre le dessus sur le français. Une situation défavorable pour eux, dans la recherche d’emploi au bénéfice des anglophones, souvent dans leur propre espace linguistique.

D’aucuns pensent que, de nos jours, les enjeux sont plus importants que les valeurs, c’est pourquoi les dirigeants francophones sont en passe d’oublier les objectifs de l’OIF, au profit de leurs propres intérêts « égoïstes ». Ils décrient également la façon dont les réseaux francophones se créent sans que les populations soient consultées  encore moins impliquées, à plus forte raison de participer à la prise des décisions les concernant.

Quant à d’autres, ils affirment que la Francophonie n’est pas mauvaise en soi. C’est aux dirigeants de prendre leurs responsabilités en cherchant à profiter et exploiter les opportunités que cette organisation leur offre au lieu de tout capituler, sous le prétexte de la colonisation. Ils reconnaissent également le rôle joué par l’OIF dans la résolution des conflits dans certains pays membres notamment la Guinée, le Niger… comme médiateur. Ils saluent aussi la prise en compte de la dimension économique sur laquelle se penche désormais l’OIF, tout en espérant que les femmes et les jeunes seront au cœur des projets de développement à venir.

Pour certains, la Francophonie n’est rien d’autre qu’une façon pour la France de légitimer ses actions « néfastes et ambiguës » dans ses anciennes colonies. Des colonies sur lesquelles, l’Hexagone continue à avoir une main mise qui ne dit pas son nom c’est-à-dire comme qui dirait un « néocolonialisme ». Pour preuve, ils pointent du doigt l’influence du président français François HOLLANDE, sur ces « paires » africains pour désigner la canadienne Michaelle JEAN comme Secrétaire générale de l’OIF pour succéder à Abdou DIOUF. Une désignation qu’ils jugent anti-démocratique. « C’est la Françafrique qui continue toujours et encore, il faut que nous nous en débarrassions si voudrions que la Francophonie nous apporte quelque chose de positif » dénoncent-ils

Autre aspect décrié par les participants, c’est la présence du siège de l’OIF à Paris. De leur avis, on n’est pas sorti de l’auberge. On aurait dû au moins implanter le siège à Dakar eu égard au rôle pertinent joué par le père fondateur, Léopold Sedar SENGHOR dans la création de l’OIF.

A l’issue de cette causerie-débat, riche et fructueuse parfois houleuse, les membres du Rebafka plaident pour une refondation des systèmes éducatifs dans l’espace francophone et une promotion de la langue française pour qu’elle ne soit pas dominée par l’anglais. Et cela, dans les conditions de coopération les plus transparentes et indépendantes possibles, et non sur des accords flous et ambigus autrement dit, un partenariat « gagnant gagnant ». Ils militent également contre l’ingérence et la dominance de la France sur ses anciennes colonies. Car sans cela, disent-ils, la Francophonie n’aurait pas sa vocation réelle et idéale tant prônée par SENGHOR, lequel disait que : « la Francophonie, c’est cet humanisme intégral qui se tisse autour de la terre ».

Si la Francophonie n’apporte pas assez aux francophones, les langues nationales aussi n’en demeurent pas moins une alternative adéquate. A l’heure de la mondialisation, l’intégration linguistique semble être un atout majeur pour une bonne harmonisation des relations entre Etats membres d’une même communauté.


lundi 1 décembre 2014

LA FRANCOPHONIE VERS UNE ORIENTATION ECONOMIQUE ET NUMERIQUE

A l'issue du XVème Sommet de l’OIF, tenu le week-end dernier au CICAD (Sénégal), les chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté en plus de la Déclaration de Dakar neuf (9) résolutions finales.

Réunis à Dakar, les 29 et 30 novembre dernier dans le cadre du 15ème Sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), les chefs d’Etat et de gouvernement ont examiné et adopté la « Déclaration de Dakar ». Traditionnellement le Sommet se réunit tous les deux ans dans un pays membre. Il est présidé par le chef d’Etat ou de gouvernement du pays hôte jusqu’au Sommet suivant. Le dernier ayant eu lieu à Kinshasa en République Démocratique du Congo en 2012, celui-ci s’est tenu dans la capitale sénégalaise sur le thème « Femmes et jeunes en Francophonie, Vecteurs de Paix, Acteurs de développement ».

Le Sommet statue sur l’admission de nouveaux membres de plein droit, de membres associés et de membres observateurs à l’OIF. Ainsi, le Kosovo, le Mexique et le Costa Rica ont été admis comme membres observateurs, lors du de ce 15ème Sommet. Désormais, l’OIF compte 80 Etats et gouvernements, dont 54 membres de plein droit, 3 membres associés (Chypre, Ghana et Qatar) et 23 observateurs.  

Par ailleurs, le Sommet définit les orientations de la Francophonie de manière à assurer son rayonnement dans le monde, dans un Cadre stratégique décennal. Il adopte toute résolution qu’il juge nécessaire au bon fonctionnement de la Francophonie et à la réalisation de ses objectifs. Pour l’occasion, c’est neuf (9) résolutions qui ont sanctionné le rendez-vous de Dakar, dont voici la liste :

-         Résolution sur les situations de crise, de sortie de crise et de consolidation de la paix dans l’espace francophone
-         Résolution sur le terrorisme
-         Résolution sur l’éducation et la formation des femmes et des jeunes à l’ère du numérique
-         Résolution sur la Convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles
-         Résolution sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants
-         Résolution sur l’épidémie de virus Ebola en cours en Afrique de l’Ouest et les risques d’extension dans l’espace francophone
-         Résolution sur les faux médicaments et les produits médicaux falsifiés
-         Résolution sur la promotion du tourisme durable dans les Petits États insulaires en développement.

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont également adopté des plans d’actions en vue de donner à l’Organisation une dimension dynamique. Il s’agit de la « stratégie économique pour la Francophonie, stratégie jeunesse de la Francophonie 2015-2022… ». 

Enfin, le Sommet a élu par consensus la canadienne Michaëlle JEAN comme successeuse d’Abdou DIOUF au poste de secrétariat général de la Francophonie. Le prochain (16ème) sommet  dont la date sera précisée, aura lieu à Madagascar en 2016.

dimanche 30 novembre 2014

XVème SOMMET DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE


Une Femme à la tête de l’OIF, une première
La canadienne Michaelle JEAN vient d’être désignée à la tête de l’OIF à l’issue du 15ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, tenu à Dakar les 29 et 30 novembre 2014 au Centre internationale de conférence Abdou DIOUF (CICAD). Elle était en compétition avec quatre candidats hommes tous africains (Ndr).

La succession du Secrétaire général sortant de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, n’a été pas chose aisée pour les chefs d’Etat et de gouvernement francophones. Il a fallu plusieurs tractations pour arriver à une élection par consensus. Comme pronostiqué, le choix s’est sur la candidate canadienne Michaelle JEAN à l’issue d’une délibération à huit clos qui a duré plusieurs tours d’horloge. 

Une désignation qui vient à point nommé relativement au thème de ce 15ème Sommet : « Femmes et jeunes en Francophonie, Vecteurs de paix, Acteurs de développement ». La parité dans les institutions semble devenir une réalité. En effet, c’est la première fois dans l’histoire qu’une femme brigue le secrétariat général de l’OIF. C’est aussi la 1ère fois qu’une femme va occuper ce poste, jusque-là détenu par des hommes, l’égyptien Boutros Bourtros Ghali (1977-2002) et le sénégalais Abdou Diouf (2003-2014).

De son vrai nom Marie Michaelle Helène JEAN, la nouvelle et 3ème Secrétaire générale de l’histoire de l’OIF, n’est pas en terrain inconnu. La preuve, en 2011, elle a été chargée par son désormais prédécesseur Abdou Diouf de veiller à l’usage du français pendant les Jeux Olympiques de Londres en 2012. Après avoir déclaré sa candidature, elle a sillonné environ 20 pays francophones pour battre campagne.

Née le 06 septembre 1957 à Port-au-Prince en Haïti, Michaelle JEAN, journaliste – écrivain, est une militante de la société civile et un défenseur de droits de l’homme et du monde rural. Vingt septième gouverneure générale du Canada (2005-2010), elle est la première personne noire à occuper ce poste. Une fonction non appréciée quelque part par certains. Puisqu’elle était la représentante de la Reine Elisabeth II d’Angleterre en ce moment dans son pays, autrement dit, ambassadrice du Commonwealth. Un terme informel désignant « chef d’Etat » qui n’a aucun statut légal mais plutôt monarchique.

Qu’à cela ne tienne, les efforts de la dynamique campagne de Michaelle JEAN n’ont pas été vains. Car elle vient d’être élue de manière consensuelle pour conduire aux destinées de l’organisation des désormais 80 Etats et gouvernements (57 membres et 23 observateurs dont 3 nouveaux : Mexique, Costa Rica et Kosovo) ayant en partage l’usage de la langue française. Elle hérite du poste du illustre Secrétaire général de l’OIF Abdou DIOUF. Une mission difficile selon elle, « On ne remplace pas Abdou DIOUF, on lui succède dans la continuité de son action » a-t-elle indiqué, devant une foule de journalistes.

Ainsi, la nouvelle élue aura pour mission de réorienter et de conforter la légitimité de l’OIF. Pour ce faire, Michaelle JAEN a placé son mandat sous le signe de la concertation et de la communication en un mot le consensus avant l’action, mais aussi et surtout la dimension économique. Pour elle, les défis c’est « faire mieux et toujours plus ensemble ». D’origine haïtienne, Mme Jean est un trait d’union entre l’Afrique, l’Amérique et l’Europe, d’où toute la pertinence du choix porté sur sa personne. 

La nouvelle secrétaire générale de l’OIF, élue pour 4 ans renouvelable, entrera en fonction le 05 janvier 2015 à Paris. Quant au prochain sommet (16ème), dont la date sera ultérieurement précisée,  va se tenir à Madagascar en 2016.

samedi 29 novembre 2014

QUI POUR SUCCEDER A ABDOU DIOUF ?



Après avoir passé 12 ans à la tête de l’OIF, Abdou Diouf a décidé de passer la main. Pour sa succession, 5 candidats sont en lice pour diriger aux destinées de cette organisation à la fois linguistique et culturelle.

 La succession du Secrétaire général sortant de l’OIF Abdou Diouf, continue de faire écho. Cinq personnalités se sont déclarées candidates pour assurer sa relève. Il s’agit de l’ancien président burundais Pierre Boyoya, du congolais Henry Lopes, de l’équato-guinéen Agustin Nze Nfumu, Jean-Claude de l’Estrac de l’Ile Maurice. La 5ème prétendante est une femme canadienne, Michaelle Jean. Une première dans l’histoire de l’OIF qui d’ailleurs est donnée comme favori dans cette élection. Saura-t-elle relever le défi ? Tout compte fait, demain 30 novembre le nouveau Secrétaire général sera connu à l’issue d’une délibération à huit clos des chefs d’Etat et de gouvernement.

Genèse de l’Organisation Internationale de la Francophonie :

En novembre 1997, les chefs d’État et de gouvernement ont créé le poste de Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Et ce, pour donner à la Francophonie sa pleine dimension politique. Ainsi, l’égyptien Boutros Boutros-Ghali fût élu pour la première fois, lors du 7ème Sommet de Hanoï, Secrétaire général de la Francophonie. Une fonction qu’il exercera de 1998  au 31 décembre 2002. Le 1er janvier 2003, Il rend le tablier à Abdou Diouf. Le tout nouveau candidat malheureux à sa propre succession à la présidence du Sénégal de mars 2000 contre Maître Abdoulaye Wade, son opposant historique. Homme d’Etat à la sagesse avérée, Diouf accepte aussitôt les résultats et reconnaît sa défaite, au risque de ne pas sombrer son pays dans une crise postélectorale.

L’OIF sous le règne d’Abdou Diouf :

Président de la République du Sénégal pendant près de 20 ans, Diouf fait son entrée à l’OIF. Une nouvelle ère s’ouvre pour lui. Il se donne comme objectif la modernisation et la rationalisation de cette organisation, d’environ 275 millions de locuteurs. 

Après 12 ans de règne (3 mandats de 4 ans), l’ancien gouverneur de Saint-Louis décide de passer le flambeau. Un retrait non accepté par beaucoup de francophones puisqu’une écrasante majorité des 77 (57 membres et 20 observateurs), chefs d’Etats et gouvernements que compte cette institution, continue d’être favorable au sénégalais à la tête de l’OIF. Au cours de ses 3 magistères Abdou Diouf a rehaussé l’OIF au rang des Organisations Internationales par sa vision commune de la langue française comme une culture commune et des valeurs universelles pour les francophones. Ce qui lui a valu les honneurs et les hommages qui lui ont été rendus ce matin, lors de l’ouverture officielle du 15ème Sommet de l’OIF au CICAD.

De la Francophonie linguistique à celle éducative et médiatrice voire économique, Diouf a su consolider les peuples francophones par sa vocation d’homme d’Etat. Fervent défenseur de la langue française, grand médiateur dans les crises notamment au Niger et Madagascar, grand promoteur de la démocratie, grand presque partout et en tout de surcroit par la taille, il est sorti par la grande porte avec la haute.

ABDOU DIOUF : « CE 15EME SOMMET N’EST PAS COMME LES AUTRES »



Le XVème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OIF s’est officiellement ouvert ce matin à Dakar. La cérémonie s’est déroulée au Centre Internationale de Conférence de Diamniadio (CICD) qui porte désormais le nom d’Abdou Diouf. Ce centre a été récemment construit pour abriter ce grand événement qui regroupe 77 pays ayant en partage l’usage du Français. 

Le Sénégal accueille pour la 2ème fois le sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), 25 ans après la IIIème conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement tenue à Dakar 24-26 mai 1989, une première en Afrique. La mobilisation était à la hauteur de l’événement, retransmis en direct sur la radio et la télévision de l’Etat. Une délégation massive composée d’invités et d’acteurs concernés et de responsables de l’OIF. Plus 900 journalistes accrédités et une salle de presse bien installée et équipée, bref toute la logistique adéquate et les dispositions nécessaires pour une bonne couverture et un bon déroulement du sommet. Des artistes et des cinéastes pour planter le décor et tenir en haleine le public. 

Ce 15ème sommet est le moment et de lieu pour le pays de la Teranga de rendre hommage au père fondateur de la Francophonie, le président poète Léopold Sédar Senghor. C’est également l’occasion de dresser le bilan du Secrétaire général sortant de l’OIF, Abdou Diouf. Un bilan jugé « excellent » à « l’unanimité », puisque l’ancien président sénégalais a su moderniser et rationnaliser le fonctionnement de l’OIF, pendant ses 3 magistères (12 ans).

Le thème de ce présent sommet s’intitule « Femmes et jeunes en Francophonie : Vecteur de paix, acteurs de développement ». Un thème qui vient à point nommé quand on sait que les femmes occupent une place de choix dans toute société et que les jeunes constituent l’avenir. « A tout Seigneur, tout Honneur » dit-on. Ainsi, c’est le président de la République Macky Sall qui est passé le premier à la tribune pour donner le ton aux 16 discours prévus à l’ordre du jour. Dans son allocution, après les mots de bienvenue et les salutations d’usage, il a évoqué les grands défis auxquels l’OIF fait face et l’importance de la langue française pour ses locuteurs (environ 275 millions). Et de s’interroger : « Que serait le monde sans la force vitale des femmes et les jeunes qui sont le futur ».

Autre point marquant de son intervention, c’est l’honneur porté sur la personne du bâtisseur de l’OIF, Abdou Diouf. Macky Sall a déclaré que : « le Centre Internationale de Conférence de Diamniadio (CICD) initialement baptisé par lui ‘Le miroir des baobabs s’appellera désormais le Centre Internationale de Conférence Abdou Diouf (CICAD) ». Rappelons que ce joyau architectural flambant neuf situé à 27 km de Dakar  a coûté 57 milliards de FCFA. 

Une décision qui n’a pas laissé indifférent l’intéressé ni l’assistance aux applaudissements cadencés et incessants. Surpris et ému, l’ancien gouverneur et chef de cabinet de Senghor a manqué de mots pour remercier le président Sall, a-t-il affirmé. Et de poursuivre : « Monsieur le président vous m’avez foudroyé, dans le sens positif bien sûr » a-t-il précisé. Avant d’ajouter que : « Ce sommet n’est pas comme les autres, parce que c’est la première fois qu’autant de chefs d’Etat participent à un sommet ». Pour l’occasion, une trentaine de chefs d’Etats et de gouvernements dont le nouveau président du Burkina Faso, Michel Kafando qui en est à son premier déplacement officiel depuis sa désignation.

Ensuite tour à tour les allocutions se sont suivies. Elles ont essentiellement porté sur l’importance du français, la promotion de la démocratie, le respect des constitutions, la coopération, la libre circulation des biens et des personnes, mais aussi et surtout, l’économie qui est revenue plusieurs dans les interventions. Pour une communauté de 77 Etats et gouvernements (57 membres et 20 observateurs), ces enjeux paraissent aussi importants que prioritaires.

Par ailleurs, les discours se sont axés les défis liés à la sécurité, à la lutte contre le terrorisme, aux changements climatiques, mais également l’éradication de l’épidémie d’Ebola qui sévit dans l’espace francophone depuis quelques mois. La question des femmes et des jeunes aussi a été au cœur des interventions de ce XVème Sommet, Dakar 2014.

Après les différents discours, les chefs d’Etat et de gouvernement ont eu droit à un déjeuner offert par le désormais ancien Secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf. Le nom de son successeur sera connu demain dimanche à l’issue des différentes délibérations à huit clos prévues ce week-end, qui d’ores et déjà ont débuté cet après-midi au CICAD. 

vendredi 28 novembre 2014

LA JOUISSANCE DES DROITS CIVIQUES : LES FEMMES FRANCOPHONES HAUSSENT LE TON

Un panel sur le thème « la Nationalité et l’Etat civil en Francophonie », s’est tenu ce vendredi au Grand Théâtre National de Dakar. Il est organisé par le Réseau Francophone pour l’Egalité Femme-Homme (RF-EFH).

Cette table ronde est l’avant dernier des huit (8) grands panels organisés par le Réseau Francophone pour l’Egalité Femme-Homme (RF-EFH), dans le cadre des activités du XVème sommet de la Francophonie, prévu les 29 et 30 novembre. Au cours de cette rencontre les femmes francophones ont passé au peigne fin les enjeux de la nationalité, mais aussi les problèmes relatifs à l’Etat civil dans l’espace francophone. 

Selon la conférencière Michele Vianès, les Etats doivent harmoniser leurs dispositifs en vigueur relatifs à la nationalité et à l’Etat civil. Et cela pour une meilleure circulation des biens et des personnes ayant en partage le français. Abondant dans le même sens, le panéliste Ibrahima Kané a invité les pays francophones à favoriser la coopération internationale en matière d’Etat civil, de nationalité et de citoyenneté. A lui de rappeler que : « le concept de citoyenneté a été développé en Afrique de l’Ouest en 1982 bien avant l’Europe en 1992 ».

Concernant l’épineuse question de l’enregistrement des naissances, les membres du RF-EFH ont soulevé plusieurs obstacles. Selon elles, les frais d’accouchement constituent un alibi pour bon nombre de femmes pour ne pas déclarer la naissance leur enfant. Ce qui, à long terme hypothèque l’avenir de ce nouveau, en lui privant certains de ses droits voire tous. Au Sénégal, Seulement 65% de la population disposent d’acte de naissance, ce qui remet en question la nationalité des autres 25%, selon la juriste Top Sow, chef d’entreprise. 

Or, l’enregistrement des naissances est un préalable à l’obtention de tout acte d’Etat civil, mais aussi et surtout, de la nationalité. De l’avis d’Ibrahima Kane, la pièce d’identité n’est qu’une preuve de l’identité et non de la nationalité. A cela s’ajoute également les difficultés des femme à se munir d’un acte de mariage qui selon elles, est aussi une protection contre les formes d’abus à leur égard (répudiation, violences, refus de contribution au ménage ou de devoir conjugal).

Par ailleurs, les participantes à ce 7è panel du RF-EFH ont salué l’avant-projet de déclaration des naissances par « téléphone » initié au Sénégal par l’ONG Aide et Action en collaboration avec le gouvernement sénégalais. Dans la même foulée, elles recommandent un système informatisé pour l’enregistrement des naissances afin de réduire voire éviter les fraudes et les falsifications des actes d’Etat civil.

A l’issue de ces huit (8) grands panels, le RF-EFH envisage d’organiser un atelier international pour capitaliser toutes les résolutions et recommandations formulées. Et ce, pour tirer la sonnette d’alarme en vue de rappeler aux chefs d’Etat leurs engagements et promesses à leur endroit.