mercredi 5 février 2014

REPRESSION POLITIQUE EN RDA : 20 ANS APRES, DES EFFETS PERSISTENT ENCORE


La  République Démocratique d’Allemagne (Allemagne de l’Est ou Stasi), a connu une dictature marquée par une répression constante du pouvoir politique sur les populations. Des personnes ont été emprisonnées, torturées, poursuivies souvent espionnées par le régime. Vingt ans après, des acteurs prennent la parole pour témoigner et dénoncer. 
« J’ai parlé des victimes en chantant pour un bon socialisme et j’ai fini en prison », c’est ainsi que s’est exprimé le chanteur allemand, Karl Heinz Bomberg à l’occasion d’une conférence tenue à la Fondation Konrad Adenauer (FKA), le lundi 03 février. Il s’agit au cours de cette conférence d’expliquer les effets tardifs de la répression politique en ex-Allemagne de l’Est (La  République Démocratique d’Allemagne: RDA), entre 1945 et 1989, d’où le thème « Plaies invisibles ». 
Pour l’occasion le Docteur Bomberg avait à ses côtés Madame Erika Kunz, (allemande) qui ont tous deux assisté des personnes victimes de cette répression politique. Ayant travaillé comme médecin anesthésiste en RDA, Bomberg a laissé entendre qu’il a chanté dans des églises pour dénoncer la dictature et l’oppression dont les populations étaient victimes. Ce qui lui a valu la prison pendant plusieurs mois. 
Ces personnes étaient le plus souvent la cible de manipulation, de déstabilisation mentale, de persécution, de détention politique entre autres. Des actes qui ont eu des lourdes conséquences sur les victimes à savoir des graves troubles, des dommages psychologiques, des traumatismes… selon Bomberg. 
Pour cet homme considéré par les autorités de l’époque comme « un révolté dangereux », son combat reste et demeure toujours afin de respecter la dignité de ces victimes, en quête d’un avenir meilleur.  
Et de poursuivre « la situation de la guerre froide a beaucoup marqué la génération après la guerre mondiale, c’est pourquoi j’ai décidé de mener cette étude ». Avant d’ajouter « c’est une expérience qui m’a permise d’aider les victimes. Il est également important de parler de la chute du mûr de Berlin, 20 ans après ».
On retiendra aussi de lui que la répression s’étend sur trois (3) phases. De 1945 à 1949, un tiers (1/3) des détenus sont morts. Ensuite, entre 1949 et 1972 on assiste à des conditions extrêmes de détentions. Et la torture psychologique entre 1972 et 1989.
A en croire le conférencier, le nombre de personnes incarcérées en réalité est estimé à 300 000 pour motifs politiques et/ou sous prétextes insignifiants. Aujourd’hui, 100 000 d’entre elles subiraient encore des dépressions ou des syndromes post-traumatiques ou d’angoisses.
Quant à la représentante résidente de la FKA, Andrea Kolb, elle a qualifié  « la RDA d’une dictature pure et dure qui a causé des troubles mentaux et des dommages psychologiques ».
Pour sa part, Erika Kunz s’est appesantie sur la situation des femmes turques victimes de cette situation, surtout celle des filles. Selon elle, ces dernières sont déracinées et angoissées, parfois atteintes de troubles psychiques et d’autres maladies.
Par ailleurs, elle a évoqué « l’aspect tabou de la sexualité chez les turcs compte tenu de leur religion ». Ce qui pour elle, constitue un obstacle au dialogue avec ces victimes. « Ces filles sont, en général, timides, tendues… elles souffrent de leurs états d’âme, ne savent plus comment se comporter et préfèrent même disparaitre de la terre » a-t-elle déploré. Néanmoins, Madame Erika a assuré qu’elles sont soutenables, à condition d’examiner leur situation psychologique au préalable. 
Au cours des débats, les questions n’ont pas manqué du côté de l’assistance. Ainsi, le psychothérapeute et psychanalyste Bomberg, a répondu comme quoi que « l’on peut guérir les traumatismes subis par les victimes ». Toutefois, il a précisé que « le processus est long mais surmontable. Il faut aussi que la société accepte et intègre les victimes ». Dr Bomberg a également  indiqué qu’il est en train d’écrire un livre dans ce sens.
Chanteur engagé, Karl Heinz a terminé sa présentation sur des notes de chansons composées lors de sa détention pendant la répression politique en ex-RDA.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire